Rotting Christ : Triarchy of the Lost Lovers
C’est fort d’une etiquette de leader incontesté de la scène black metal grecque que Rotting Christ entame la seconde moitié des années 90. Pourtant agrémenté d’une solide référence (Thy Mighty Contract), accompagné par des combos de qualité (Thou Art Lord, Necromantia), Rotting Christ n’est pas malgré tout parvenu à faire éclore définitivement la scène metal hellène, qui doit attendre la vague death gothique des Septic Flesh, Nightfall et autre On Thorns I Lay, qui explose littéralement en 1994-95, notamment au travers des efforts du label français Holy Records.
De manière plus ou moins tacite, Rotting Christ fait encore un peu plus évoluer son black metal déjà atypique vers des sphères beaucoup plus proches de celles de ses petits camarades, alors très en vue.
Triarchy of the Lost Lovers présente un visage profondément novateur. Basé sur des riffs puissants, souvent d’une grande profondeur et emplis de mélodies très prenantes, le metal de Rotting Christ se veut quasi systématiquement lent, majestueux et très léché. Quelques nappes de claviers venant légèrement parachever des compositions déjà très fines, seul le chant guttural de Sakis laisse encore percevoir les origines obscures du combo.
Le résultat est proprement magistral. Tirant le meilleur d’ inspirations doom pour la lourdeur mélancolique, du metal gothique pour les harmonies enivrantes des guitares, et des bases puissantes du death metal pour épaissir une rythmique respectable, Rotting Christ signe une prestation de haut vol, parvenant à créer une atmosphère unique, propre à cette scène grecque, dont les connotations antiques et orientales sont superbement présentes.
La richesse émotionnelle suinte de chaque note, chaque mélodie, et la beauté grandiose du disque est imparable.
Là où se reconnaît un grand disque, c’est lorsque celui-ci parvient à présenter une grande cohérence et de l’homogénéité sans tomber dans le piège de la linéarité et de l’ennui. C’est particulièrement le cas pour Triarchy, dont les morceaux sont tous issus du même moule, et pourtant chaque thème, chaque mélodie, chaque refrain fait mouche avec une émotion comparable.
On peut cependant ressortir quelques sommets d’intensité, sans pour autant dénigrer les autres titres…mais comment ne pas succomber à l’ennivrant Shadows Follow, à l’entraînant Diastric Alchemy, à l’envoûtant King Of A Stellar War, aux délicieux accents doom de One With The Forest…
Jamais sirupeux, jamais caricatural, Rotting Christ parvient à se défaire de tous les pièges guettant la recherche systématique de la mélodie et de l’émotion. Le talent imparable de composition, le sens du riff et l’équilibre artistique épatant des grecs, jamais démentis depuis d’ailleurs, permettent d’éviter ces écueils avec une facilité déconcertante. Le charisme envoûtant de Rotting Christ se confirme magistralement avec ce Triarchy of the Lost Lovers, définitivement une des plus brillantes réalisations de la scène grecque, aussi atypique que brillante.
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