Cage, ce n’est pas vraiment un groupe de débutants sur la scène heavy power internationale. Loin de ce revival heavy traditionnel qui fait son grand retour ces dernières années, les Américains balancent leur musique depuis 1992, et le bien nommé Hell Destroyer sorti en 2007 est tout de même leur quatrième album. Pour beaucoup, cette galette représente la quintessence du style de Cage, puissant, véloce et accrocheur, et constitue un exercice de style imparable qui fait la nique à bien des grands noms du milieu. Et effectivement, n’en déplaise aux détracteurs, Hell Destroyer est une bombe de heavy explosif et racé. L’album s’ouvre sur une courte intro en un mid tempo brise nuque qui annonce clairement la couleur : ça va headanger sec dans les chaumières. Et ce n’est pas le premier titre, éponyme, qui va démentir ce constat : riffs qui tabassent sur tapis de double, cris suraigus à la Halford, une vocaux agressifs, refrains virils et scandés, soli hurlants et virtuoses, pas de doute, on a là un pur album de heavy power bien puissant, efficace et ravageur.
L’opus se partage entre morceaux vraiment directs et agressifs, rappelant parfois un peu Iced Earth (Christhammer avec ces riffs en aller retours, cette voix plus dure et âpre et cette voix grave qui s’incarne dans d’inquiétantes narrations, Born In Blood) et morceaux plus mid tempos, souvent plus lourds mais toujours puissants (le début de Legion of Demons, Fall of the Angels). Ce qui est judicieux, c’est que Cage sait varier son jeu au sein même des morceaux : un titre comme Rise of the Beast est très représentatif du potentiel du groupe et représente bien cette belle diversité, démarrant à fond les ballons sur un riff très puissant, s’enchaînant sur une partie lente et mélancolique habitée par une voix grave et des chœurs épiques, le tout se fondant bientôt en un sublime pont central très maidenien. La piste repart ensuite à l’attaque de façon très agressive, reprenant le thème musical du début, avant de se terminer sur un passage plus lourd et mélancolique.
Musicalement, le tout est parfaitement en place, les guitares sont impeccables d’efficacité et nous régalent de petites trouvailles mélodiques lumineuses tout le long de ces 78 minutes (!) qui en passent comme 45 (l’excellent riff mélodique de I Am the King, l’ouverture lumineuse d’Abomination, qui enchaîne sur un mid tempo guerrier et viril à la Manowar, le riff d’intro de Bohemian Grove qui n’aurait pas fait tâche sur un album de death mélo…). Les soli ne sont évidemment pas en reste, pas spécialement originaux pour le style, mais parfaitement exécutés et collant toujours parfaitement à la musique (From Death to Legend, Legion of Demons).
Quand on parle de Cage, il convient évidemment de parler de la voix, l’un des atouts majeurs du groupe : Mr Peck est impeccable dans tous les registres qu’il explore, du suraigu déchirant dont il n’abuse heureusement pas, au chant plus agressif à la UDO en passant par des envolées plus lyriques parfaitement maîtrisées et un ton grave et narratif qui rajoute une dimension épique à l’ensemble.
Cette complémentarité vocale aide à varier le propos, et on ne s’ennuie pas une seconde, d’autant que de petits interludes viennent régulièrement aérer l’ensemble, nous laissant mieux respirer entre les morceaux – 21 pistes au compteur tout de même – , et faisant avancer la trame narrative entre deux brûlots.
Car oui – décidément, on est gâté ! – Hell Destroyer nous conte en plus une véritable histoire, avec une trame narrative conséquente, s’étalant tout de même sur un booklet d’une vingtaine de pages. Même si le tout n’est pas très original – en gros, une bataille cosmique entre le bien et le mal -, on appréciera le livret très complet et on s’amusera à suivre les rebondissements de cette grande épopée grâce aux illustrations très typées comic. Que l’on aime ou non, force est de reconnaître que Cage ne se fout pas de nous, nous livrant un opus bourré ras-la-gueule d’une musique virile et frontale, riche de nombreux changements et nuances, et empreint d’une belle sensibilité musicale et d’un sacré feeling.
Alors certes, le metal de Cage ne révolutionne rien, et reste fermement ancré dans une tradition intouchable, usant de tous les poncifs du genre, et sonnant comme une sorte de mélange explosif, boosté aux hormones et bien speedé entre Judas Priest (Hell Destroyer, Metal Devil), Iron Maiden (From Death to Legend, Beyond the Apocalypse), Iced Earth (Christhammer, Legion of Demons) et Manowar (Abomination).
Ceci dit, impossible de ne pas reconnaître la sincérité et le talent des Américains, et difficile de contester la qualité musicale de l’ensemble qui forme un tout vraiment imparable. Même les titres les plus mélodiques et au rythme moins soutenu restent toujours très efficaces et entraînants, et le tout reste très épique, formant un album de heavy power finalement plus varié et aéré qu’il n’y parait au premier abord. En résumé, Hell Destroyer est un incontournable pour tous les amateurs de heavy bien burné, puissant, et efficace et un album idéal pour tous les néophytes qui voudraient s’initier au style. Buy or die !